mercredi 8 septembre 2021

LE PROCESSUS D'INTÉGRATION DES ÉMOTIONS : UN CHEMIN VERS LA RÉALISATION

 

INTÉGRER NOS ÉMOTIONS ET SENTIMENTS PROFONDS NOUS OUVRE L'ACCÈS À NOTRE NATURE AUTHENTIQUE

 

Lorsque l’on fait face à une situation difficile, à un challenge, ou à un conflit, et que cette situation fait émerger en nous des émotions ou des sentiments forts ainsi qu’un niveau de conflit intérieur élevé, c’est la plupart du temps parce que notre système nerveux a réactivé des charges énergétiques correspondant à des émotions anciennes non intégrées.

Quand le système nerveux est ainsi activé, il fonctionne en mode « survie », bloqué dans ses mécanismes de réponses automatiques face à la menace qu’il croit percevoir (les réponses primaires sont la fuite ou l’agression, puis le système se fige si aucune de ces deux possibilités ne peut se mettre en place). Dans cette activation, l’intensité de l’énergie est si forte qu’elle nous amène à régresser dans des parts anciennes de notre psychisme - ces parts blessées qui étaient en lien avec les émotions non résolues dont nous faisons l’expérience - et à nous comporter comme si ce que ces parts blessées percevaient était la réalité. 

 

Tant que l’on reste soumis à cette identification nous sommes piégés dans des cycles d’actions et de réactions où tout ce que nous allons mettre en place va avoir pour but de chercher à tenir à distance les émotions et les sentiments activés, ou à chager la situation ou les personnes en lien avec les émotions. De plus, l’identification nous amène à penser que nos émotions nous disent quelque chose de vrai sur la situation (et pour le mental cela ne peut être que vrai puisque c’est confirmé par notre ressenti). 

De ce fait la boucle pensées/émotions reste sans cesse en action et continue de nourrir l’émotion en énergie en maintenant l’activation du système, ne nous permettant pas le recul nécessaire pour identifier que l’émotion parle du passé, et pas de la situation présente.

 

Lorsque ces émotions du passé ne sont pas activées, elles restent en latence, comme cachées, logées dans notre corps et notre système énergétique sous forme de charges, de tensions et de contractions. Elles vont se cristalliser jusque dans nos cellules, qui se reproduisent ensuite avec cette empreinte énergétique, transmettant ainsi les mémoires traumatiques de génération en génération.

Généralement nous sommes tellement investis dans l’activité des pensées et dans la maintenance de la structure de notre personnalité que nous ne sentons pas de façon consciente ces émotions et sentiments.

Pourtant, nous avons l’intuition de leur présence, car la pensée traite ces informations en permanence, cherchant leur résolution dans notre relation avec le monde extérieur. Mais nous restons souvent terrorisés à l’idée d’aller à leur contact, imaginant que plonger profondément en nous va réveiller quelque chose de mauvais, de dysfonctionnel, nous faire sombrer, ou nous anéantir.

Ces peurs créent une forme de dissociation et maintiennent notre attention fixée à la périphérie de notre être : dans l’activité mentale à l’origine de la création et du maintien du sens de la personnalité, et dans la construction des innombrables stratégies et mécanismes que cette personnalité génère pour essayer de compenser ou de tenir à distance toutes ces mémoires.

Sans se juger pour ces mécanismes, on peut constater que le fait de continuer à garder les émotions à distance les maintient cadenassées à l’intérieur de notre système. La résistance ne fait que maintenir bloquées les choses dont elle cherche à se débarrasser.

Or, ce dont ces émotions ont besoin, c’est d’être enfin libérées

Elles peuvent l’être uniquement si on fait le choix de les reconnaître, puis de lever le couvercle de la résistance et d’enfin les accueillir. 

C’est seulement dans cet accueil bienveillant, quand les émotions baignent dans la lumière attentionnée de notre conscience, qu’elles vont pouvoir retrouver leur capacité de mouvement, se libérer du contrôle, pour enfin pouvoir se transformer.

Pour comprendre ce processus, imaginez un petit enfant qui est aux prises avec une émotion difficile. Il n’a certainement pas besoin à ce moment là d’un adulte qui le juge, le rejette et lui fait comprendre qu’il ne devrait pas ressentir ce qu’il ressent ou qu’il doit changer immédiatement. Une telle attitude n’aurait pour effet que de renforcer l’état de choc dans lequel l’enfant se trouve, et donc d’intensifier ses difficultés.

Au contraire, ce dont l’enfant a besoin à ce moment là, c’est d’un adulte bienveillant qui, avec amour, lui fait comprendre que c’est normal de ressentir ce qu’il ressent, que ça ne signifie rien de négatif sur lui, et que c’est simplement une réaction humaine naturelle face à une situation donnée. En d’autres termes, l’enfant a besoin que son émotion soit validée par l’adulte pour ne pas devoir s’en dissocier. Il a besoin de la proximité émotionnelle d’un adulte nourrissant et aimant et qui va pouvoir rester avec lui et lui offrir une présence bienveillante, jusqu’à ce que cette émotion soit passée.

Appliquée à notre vécu intérieur, cette métaphore nous permet de comprendre quelle attitude nous pouvons essayer de mettre en place pour être en contact avec ces émotions : nous devons redevenir le parent aimant que l’enfant n’a pas eu dans le moment originel où l’émotion s’est cristallisée, et accueillir avec bienveillance l’expérience que cette émotion, ainsi que les parts de notre psychisme en lien avec elle, nous invitent à vivre.

 

Quand notre accueil nous permet ainsi de nous ouvrir à l’expérience (émotions, sentiments et sensations associées) qui nous anime et de lui donner de l’espace, les énergies et émotions bloquées vont pouvoir se remettre en mouvement et aller jusqu’au bout du chemin qu’elles ont besoin de suivre. Dans cette ouverture, le système nerveux va pouvoir sortir de sa position de choc et activer sa capacité de résilience pour enfin pouvoir intégrer l’expérience originelle. L’émotion se transforme et se libère alors naturellement.

Les schémas de pensées et croyances construits autour de la part du psychisme figée dans l’émotion vont alors se dissoudre en nous libérant de la partie de la structure de la personnalité/égo construite autour des stratégies de résistance à l’émotion. L’interprétation que notre pensée faisait de notre environnement (intérieur et extérieur) à travers le prisme de l’émotion va aussi se transformer pour nous permettre de percevoir les choses avec plus de clarté et de simplicité.

 

A ce moment du processus, notre attention se trouve libérée de l’activité considérable qui était en place pour alimenter les stratégies qui cherchaient à résister ou à compenser l’émotion.

Cette ouverture de notre attention nous permet de ressentir l’espace de notre être et d’en gouter les qualités, qui jusque là restaient obscurcies par les parts blessées.

Dans cet espace, on se rend compte beaucoup plus facilement que les émotions (agréables ou non) sont juste un mouvement d’énergie à l’intérieur de notre être. Ce mouvement nous le ressentons sous forme de sensations. Et nous voyons que nous sommes là avant le mouvement, nous sommes là pendant, et toujours là après, mais que le mouvement ne nous définit pas.

L’opportunité se présente ainsi de pouvoir avoir un aperçu de notre nature profonde et de faire l’expérience de la Présence que nous sommes au delà de l’identification aux pensées et à l’identité.

 

A chaque fois que nous répétons ce processus, notre confiance grandit dans notre capacité à pouvoir ressentir les émotions, les sentiments, les mouvements ou les contractions qui nous traversent, et à pouvoir laisser les choses se transformer naturellement.

Plus cette confiance se développe, plus le niveau de conflit que nous entretenons avec notre expérience diminue, et plus nous pouvons faire l’expérience de la paix naturelle qui réside au cœur de notre Être : une paix qui n’est ni manufacturée, ni le fruit d’un contrôle, mais qui est la conséquence de notre absence de conflit avec l’expérience et de notre capacité à rester ouverts et présents avec ce que la vie nous invite à expérimenter à chaque instant.

La Présence est le fruit de cette ouverture.

 

Patrick Boulan

 


 

 

 

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