mercredi 8 septembre 2021

MÉDITATION ET CONSCIENCE

 LA RÉALISATION DE NOTRE NATURE DE PURE CONSCIENCE DANS LA MÉDITATION

Question : "Je suis consciente d'être consciente, je suis consciente d'être avant tout ce que je perçois dans mon expérience ; je ressens la présence mais je ne sais pas comment faire pour reconnaitre ce que je suis, ce que la conscience est. 

Est ce que je dois reprendre l'investigation autour de la question : "qu'est ce que Je suis" ? Ou bien est-ce que je ne fais rien, est-ce que j'abandonne quand je suis dans la conscience? Je sens que je tourne autour de cette reconnaissance, qu'elle est proche, mais je n'y arrive pas."


Patrick : Ce que tu décrit ici est absolument normal, car reconnaître la conscience entraine un changement de paradigme : on ne peut pas connaître la conscience comme on connait les autres objets. 

La façon dont je suis habitué à connaître c'est en créant une relation duelle : connaître est une activité, une relation, qui se met en place entre un sujet (moi) qui perçoit et l'objet (autre que moi) qui est perçu. Par exemple : je regarde ma montre, donc moi, le sujet, j'observe l’objet nommé « montre », je peux la regarder sous toutes ses coutures, peut être même la démonter, et cela va me donner l'impression de la connaître.

Mais quand on va aborder l'expérience de la conscience, on va se retrouver complètement en dehors de cette relation duelle puisque ce qui connaît la conscience, c'est la conscience elle-même. Ici, les notions de sujet et d’objet fusionnent pour se fondre en une seule et même unité. C’est la conscience qui se reconnaît elle même, et la conscience n’est pas quelque chose que l’on peut extraire du contenu de notre expérience pour l’observer, la conscience est cela d’où la perception se fait. 

 

C'est donc normal de ne pas pouvoir percevoir la conscience puisque cette conscience n’est pas quelque chose, ce n’est pas un objet. 

Et finalement, on pourrait dire que ne pas savoir comment faire pour reconnaître ce que la conscience est, c'est cela connaître la conscience. C'est réaliser que quelque chose est là, je le perçois, je le ressens, c'est une évidence - d'ailleurs il n'y a rien de plus évident que cela - et pourtant je ne pourrais jamais savoir ce que c'est exactement... parce que ce n’est pas un objet que je peux étudier comme je suis habitué à observer tous les objets de mon expérience. La conscience est plus un verbe qu’un sujet, c’est le fait de percevoir, de connaître, et dans cette connaissance, les notions de sujet et d’objet se dissipent.

Le mental aimerait bien pouvoir définir la conscience comme un objet et dire : "Voilà, c'est ça ! C'est là !", pour ensuite venir planter son drapeau dessus, clamer sa victoire, et pouvoir retrouver le chemin pour y retourner quand il le veut. Mais  cela ne peut pas fonctionner comme cela, parce que la conscience n'est pas quelque chose qui peut être objectivé. Et même donner le nom de conscience, c'est déjà trop, c’est déjà donner une forme de limitation. 

 

Quand on rentre en contact avec la réalité de la présence de la conscience, on se rend compte que c'est un mystère sans fond et sans fin, qui reste insaisissable mais qui pourtant peut être pleinement expériementé. 

Et face à ce mystère, tout ce qu'il y a à faire c'est de s'abandonner. 

 

 

Ce mystère se dévoilera à son rythme, révélant parfois certains aspects, certaines qualités, certaines facettes, mais cette conscience étant infinie, le mystère aura toujours plus à nous révéler. 

Donc cela veut dire que l'on ne pourra jamais connaître ce que l'on est - cette pure conscience - de la façon dont on est habitués  à connaitre avec la pensée. C'est la conscience qui se reconnaît à elle-même. C’est la conscience qui est consciente d'elle-même.  Et le meilleur moyen d'exprimer cette réalité c'est le silence parce que les mots sont toujours réducteurs. D'où la phrase du Tao « le Tao dès qu'il est exprimé, n'est plus le Tao. »

Je réponds maintenant à l’autre partie de la même question : « Est ce que je dois reprendre l'investigation autour de la question "que suis-Je" ? Ou bien est-ce que je ne fais rien, est-ce que j'abandonne quand je suis dans la conscience ? »

Et bien oui, voilà c'est exactement cela : s'abandonner à ce qui est là maintenant. 

« Je sens que je tourne autour de cette reconnaissance, qu'elle est proche, mais je n'y arrive pas. »

Ce petit effort d'essayer d'y arriver, tu peux essayer de le laisser tomber, de t'en détacher, parce que c'est cela qui entretient la séparation et l'idée d'une personne qui est arrivée à la conscience. 

Évidemment, cette idée d’y arriver est une création de la pensée, qui continue de générer l’idée d’un soi séparé qui doit arriver quelque part. Mais il n'y a personne qui arrive à la conscience ou qui réalise la conscience, il y a juste la conscience qui se réalise elle-même. 

Laisse aller tout effort et vois comment c'est possible de simplement s'abandonner à ce qui est, sans chercher à comprendre ou à analyser, mais plutôt en ressentant. La conscience se révèle alors comme l'élément éternel et immuable de notre expérience, et le mystère infini de ton Soi authentique va continuer de se dévoiler.

Pour finir, je ferais référence à cette citation de Taisen Deshimaru parue dans  "La pratique du Zen" : "Il n'y a rien à obtenir. rien à devenir. Ne pas chercher la vérité, ne pas fuir l'illusion. Simplement être présent, ici et maintenant, dans notre esprit et dans notre corps. Alors apparait la conscience profonde et pure, universelle et illimitée."

 

Patrick Boulan

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