mercredi 2 février 2022

COMPRENDRE LE TRAUMATISME

 Il est important de comprendre que le traumatisme n’est pas dans l’événement auquel on doit faire face, mais dans la réponse inachevée de notre système nerveux et de nos émotions face à cet évènement.

Le traumatisme peut être la conséquence d’un choc face à une situation extrême ou particulièrement douloureuse, mais il peut aussi être la conséquence d’un processus de construction plus graduel face aux manques et aux blessures de l’enfance : on parle alors de trauma du développement.

 

Étymologiquement, le mot traumatisme vient du Grec Trauma qui signifie blessure. Mais la blessure ne se trouve pas dans ce qui nous est arrivé, mais plutôt dans ce qui s’est passé en nous en réaction à ce qui nous est arrivé.

On peut donc définir le  traumatisme comme une fixation ou un blocage de la réponse naturelle de notre système nerveux face à une situation qui vient menacer notre équilibre physique, psychique, émotionnel ou énergétique.

Confronté à une situation représentant un fort niveau d’adversité, le système nerveux autonome enclenche une réaction en chaine qui met en place une réponse de fuite, de combat ou de figement, et qui crée simultanément d’importantes charges d’énergies dans le corps et toute une gamme d’émotions et de sentiments.

Mais si la situation est perçue comme trop dangereuse ou inquiétante, ou si elle génère un trop grand niveau d’insécurité, ou si elle entraine une réaction interne qui est vécue comme trop forte, trop violente, trop intense ou trop perturbante, ou encore si elle nous laisse trop désemparés ou déstabilisés, alors tout l’être se contracte autour de l’expérience car on se sent menacé dans notre capacité à pouvoir maintenir notre équilibre interne, à pouvoir nous restructurer ou à pouvoir simplement survivre.

A cause de cette contraction, la réponse mise en place par le système nerveux face à la situation reste contrainte et ne peut aller au bout de son processus. Le système nerveux ne peut donc plus œuvrer vers son retour à l’état d'homéostasie et vers sa régulation.

D’autre part, les charges d’énergie, les émotions et les sentiments évoqués par l’activation du système, ne peuvent pas non plus se déployer normalement et sont empêchées ou réprimées, sans pouvoir trouver leur résolution. ,

L’ensemble du système reste alors bloqué dans un mode de survie, générant un fort niveau d’activation sans pouvoir s’auto-réguler ni digérer l’expérience. Tant que le système est ainsi bloqué, il continue de maintenir son activité comme si il était perpétuellement confronté à la menace initiale, même lorsque la situation originelle est passée.

 

Une forme de dissociation se met alors en place pour nous aider soit à moins sentir les conséquences intérieures de l’expérience, soit à les compenser, et pour nous aider à survivre en dépit de la menace ou de l’adversité. 

Mais cette scission avec le corps et les émotions entraine un sur-investissement de la sphère du mental et maintient la résistance en place, empêchant le système de pouvoir d’œuvrer à son retour à l’équilibre.

 

Une fois le trauma installé, il provoque des changements dans le corps, dans le système nerveux et dans le cerveau, il va continuer à œuvrer comme si la situation d’origine était toujours existante, et va ainsi conduire à la mise en place de réactions conditionnées face aux situations de notre vie quotidienne – réactions qui sont déterminées par la projection de la continuité de la menace initiale et par les mécanismes de contrôle qui recherchent soit à éviter cette menace soit à minimiser le niveau d’insécurité interne. 

 

Voici une liste des principales façons dont le traumatisme va nous impacter :

-       Création des chaines de tensions musculaires qui vont modifier la façon dont on se tient et dont le corps de l’enfant va se développer.

-       Maintient d’un certain niveau d’alerte, de stress, et d’une forme d’hyper-vigilance.

-    Changements énergétiques dans le corps qui vont aussi affecter le fonctionnement des organes et de  l’organisme dans son ensemble.

-     Modification de la façon dont on se sent dans notre corps (inconfort en lien avec la sensation que quelque chose ne va pas et avec les conclusions que l’on en tire et qui suggèrent que quelque chose ne va pas chez nous).

-       Déconnexion avec le corps et les sensations, et basculement dans la sphère du mental et de l’analyse (dissociation).

-   Déconnexion des deux hémisphères du cerveau. Le cerveau droit (dans lequel les perceptions stressantes de l’enfance sont enregistrées) cède du terrain. Le cerveau gauche devient prépondérant, tout en perdant une grande partie de sa capacité à traiter les émotions, ce qui conduit à plus de fragmentation mentale et rend plus difficile l’ouverture à la richesse de l’expérience dans le domaine du lien social et de l’intimité.

-       Impact négatif sur notre mémoire et sur notre capacité de concentration.

-       Diminution de notre capacité à comprendre et évaluer les conséquences de nos actions.

-       Réactivation des émotions et des énergies bloquées face à des situations qui vont évoquer (même de façon très lointaine) le trauma d’origine.

-       Une part du psychisme reste figée dans l’expérience traumatique, sans pouvoir accéder à un plus grand niveau de maturité. Cette part continue de projeter la menace initiale, ainsi que les conclusions négatives que l’on en a tirées, dans notre relation aux autres et au monde.

-       Modification de la façon dont on se perçoit et dont on perçoit le monde,

-   Mise en place de mécanismes de protection, de contrôle et de dissociation qui nous coupent de notre être profond.

 

Comme on le voit, le trauma provoque de nombreux et profonds changements dans toutes les sphères de notre expérience, tout en colorant nos perceptions de nous-mêmes, des autres et du monde.

D’autre part, le trauma met en place des mécanismes de protection et de survie qui nous font développer des stratégies, des comportements et  des façons d’être pour pouvoir survivre à l’adversité et pour nous permettre de continuer à nous ajuster à notre environnement. En cela, on peut voir le traumatisme comme un mécanisme d’adaptation.

Mais avec le temps, ces modes adaptatifs deviennent habituels et se greffent à la structure de notre personnalité, si bien que l’on croit qu’ils sont ce que nous sommes et que l’on perd de vue notre être profond. Ils nous maintiennent alors dans une identité illusoire et limitante, qui bien que familière, continue de maintenir en place et de renforcer l’impact du traumatisme et l’image d'un soi blessé et déficient.

 

Mais quels que soient les traumas (chocs ou traumas du développement) auxquels on a été confrontés, quels que soient les mécanismes que l’on a développés en réponse aux manques et menaces lors de notre processus de développement, tout peut être guéri et transformé, comme on va le voir dans l'article suivant.

 

 


 

 

 


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