lundi 4 avril 2022

ATTENTION, CONSCIENCE ET VIGILANCE

 Dans la méditation, il est souvent fait référence à notre attention :

- Lorsque l’on pratique des techniques de méditation, on va chercher à focaliser l’attention sur un ou des objets particuliers.

- Dans la pratique de la méditation authentique, on va au contraire tenter de relaxer cette attention et de la laisser totalement au repos. 

Mais qu’est-ce qu’est véritablement notre attention ?

 

 

FONCTIONNEMENT DE L'ATTENTION

 

Pour expliquer de façon imagée comment fonctionne notre attention, il y a une comparaison qui convient très bien,  c’est celle du faisceau d’une lampe torche : Imaginez une lampe dont on peut régler l’ouverture de la lumière soit pour qu’elle éclaire à 360°, soit pour qu’elle puisse se concentrer en un faisceau plus étroit.

 

Quand notre attention est focalisée sur un objet, c’est comme si la lumière de la lampe se rétrécissait, dans une forme de contraction de sa nature originelle, et se projetait sur le ou les objets observés. Dans cette forme contractée, le faisceau de notre attention est plus restreint et n’éclaire plus qu’une partie de notre expérience.

Si cette focalisation est mise en place consciemment, elle nous permet de rester concentrés sur l’objet que nous étudions en nous faisant perdre de vue le reste de l’expérience - ce qui est très utile lorsque nous effectuons un travail ou une tâche particulière. A ce moment là, on perd de vue une grande partie de notre expérience pour nous concentrer sur la partie qui requiert notre attention.

Mais dans les moments où nous ne sommes pas concentrés sur une tâche particulière, la focalisation devient inconsciente. Lorsque cette focalisation est inconsciente, elle est la plupart du temps concentrée sur les pensées, sur les images de nous-même qui sont projetées dans notre esprit, et sur la narration qui va avec.

Cette focalisation ne peut exister que lorsque la pensée est présente. Elle est, de fait, créée par la pensée qui structure cette idée de témoin qui serait centré à l’intérieur de la tête et qui observerait le reste de l’expérience à partir de ce point central de référence.

À cause de ce rétrécissement, on perd de vue une grande partie du reste de notre expérience, on perd de vue l’ensemble, et les pensées paraissent occuper tout l’espace, donnant ainsi l’impression de définir la totalité de la réalité. A ce moment là, c’est comme si on regardait la globalité de ce qui apparaît dans le moment à travers un tube en carton : on ne perçoit plus qu’un fragment extrêmement limité de l’expérience et nous nous retrouvons totalement obnubilés par la narration qui se déroule en nous à travers ce flux continu des pensées.

La conceptualisation de l’expérience a alors pris le pas sur la réalité, nous laissant accaparés par ce que nous pensons de l’expérience et par ce que nous imaginons qu’elle veut dire sur nous. Un fossé est ainsi créé, générant une division interne et nous coupant du ressenti profond de cette même expérience.

 

Quand notre attention est détendue, c’est comme si le faisceau de la lampe s’ouvrait de plus en plus largement, jusqu’à éclairer à 360 degrés. Alors on peut dire que notre attention se repose dans sa source, dans l’expérience d’être conscients ou conscientes. L’attention redevient alors la conscience dans sa forme non contractée.

La conscience perçoit alors naturellement, sans avoir quoi que ce soit à faire pour cela, et tout est perçu de façon simultanée et dans un tout unifié. Le fossé se comble alors nous permettant d’accéder à un ressenti beaucoup plus profond et organique de ce qui a lieu dans le moment.

La distance entre la conscience et les objets peut alors perdre de sa consistance pour permettre la réalisation que conscience et objets ne font qu’un : chaque apparent objet peut ainsi être perçu comme une forme temporaire de la conscience. A ce stade la conscience ne connaît pas d’objets : elle ne connaît que sa propre existence, à la fois sans forme et sous des formes sans cesse changeantes.

 

Pour que la conscience se focalise à nouveau sur un objet, la pensée doit être là et doit, à partir de ce tout unifié et indifférencié, de nouveau projeter et conceptualiser un sujet qui perçoit et un objet qui est perçu. Un point de référence central illusoire est alors créé, ce point de référence peut être la personne ou le témoin, et de ce point de référence une relation se crée avec un objet qui est perçu.

Sans la pensée, la dualité ne peut pas exister, et cette focalisation de notre attention entre un sujet et un objet ne peut donc pas se produire.

Notre attention est donc une forme contractée de la conscience projetée entre un témoin et un objet imaginaires.

 

 

ATTENTION ET VIGILANCE


Lorsque l’on pratique de la méditation, quand une forme de vigilance est présente, c’est qu’une position intermédiaire a été créée entre le relâchement complet de notre attention - cette ouverture à 360 degrés - et le sens de la personne.

Cette position intermédiaire c’est la position que j’appelle le méditant ou la méditante. C’est-à-dire cette part de notre identité ou de l’égo qui imagine être à l’origine de la conscience, et qui transforme cette conscience en un objet ou en une forme d’activité.

Bien que la conscience soit là, et que pour exister et percevoir elle n‘ait besoin d’aucune forme de contrôle, de maintenance, ou de vigilance, le méditant ou la méditante – qui n’est qu’un amalgame de pensées - imagine qu’il faut générer une activité et mettre en place un certain niveau de vigilance, soit pour focaliser notre attention sur une partie de notre expérience, soit pour rester conscients ou être plus conscients.

 

La vigilance est ainsi la conséquence de la création d’un sujet conscient, et de l’effort concomitant produit par ce sujet pour essayer de rester conscient. Lorsqu’elle est présente c’est que la conscience a été conceptualisée en un objet ou en une expérience. La vigilance cherche alors à nous pousser à détourner notre attention des pensées pour la porter plutôt sur le sujet conscient. C’est souvent une des dernières formes d’activité qui reste à l’œuvre dans la méditation.

Lorsque l’on peut enfin laisser aller cette vigilance, on peut réaliser pleinement notre nature profonde puisque les derniers concepts de sujet disparaissent de l’expérience. La conscience se reconnaît alors elle-même dans son infinie et éternelle présence et dans son aspect immanent.

 

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