jeudi 20 octobre 2022

LE JUGE INTÉRIEUR 3

 3 – Notre relation au juge intérieur 

La structure de jugements qui est à l’œuvre en nous est si profondément internalisée et associée à la construction de la personnalité ainsi qu’à à tous ces moments où notre système s’est figé dans des expériences de chocs, de blessures et de rejets, qu’elle ne nous permet pas de facilement remettre en question les critiques qui sont émises.
Nos façons de réagir face aux jugements sont donc le plus souvent des formes de réactions inconscientes qui n’offrent pas la possibilité de voir les jugements pour ce qu’ils sont : à savoir une interprétation de l’expérience du moment, conditionnée et ancrée dans le passé.
De ce fait, il est difficile de faire face au jugement à partir d’une position de souveraineté, où nous pourrions rester dans une forme de présence consciente qui nous fournirait le recul nécessaire pour pouvoir laisser l’expérience se déployer puis nous quitter sans lui offrir de résistance. 

 

A cause de la régression que les jugements impliquent et à cause de leur lien avec les blessures structurelles de notre développement, nos façons de réagir face aux jugements sont la plupart du temps des mouvements d’attaque, de fuite, ou d’effondrement. 

 

 

 

Attaque, fuite ou effondrement correspondent aux façons dont le jugement va impacter notre système nerveux et aux stratégies que nous avons apprises dans  notre enfance pour faire face à cet impact.
Comme le jugement vient se structurer sur une image négative ou déficiente du Soi, c’est contre l’évocation de cette image que l’on va le plus lutter, ce qui entretient un haut niveau de conflit interne et qui nous maintient dans une forme de boucle traumatique.

La réponse d’attaque :
Dans ce mode de relation avec le Juge, nous allons essayer de nous débarrasser de l’invasion des jugements et de la charge énergétique et émotionnelle qui la constitue.
Pour transférer cette énergie hors de notre système, un plus haut niveau d’énergie et d’activation se met en place face au jugement, et va souvent évoquer de la colère ou du ressentiment. Cela crée des tensions internes et de l’agitation. Avec ce plus haut niveau de réactivité nous allons projeter les jugements et leur charge énergétique vers l’extérieur, et juger, blâmer et critiquer les autres, les situations ou les organisations avec lesquels nous rentrons en contact.
Quand le jugement se projette vers l’extérieur, cela permet de minimiser le déficit en estime de soi, voire de nier les sentiments d’inadéquation ou d’incomplétude, en pointant les imperfections des autres pour se sentir meilleur.
Cependant dans ce mode de réaction, nous sommes toujours sous l’emprise du juge, et même si les jugements se projettent vers l’extérieur, ils sont toujours existants en nous, se trouvant même renforcés par notre résistance.
De plus nous sommes toujours coupés du contact avec notre être authentique, et nous nous sentons coupables et isolés puisque les jugements que nous formulons sur les autres nous séparent d’eux.

La réponse de fuite :
Ici, la stratégie va être de fuir l’emprise du jugement en tentant de compenser ou de détourner les critiques internes par le fait  de rationaliser, d’expliquer, de justifier ou de se trouver des excuses. On essaie de s’éloigner du jugement par le raisonnement en trouvant des bonnes raisons pour expliquer nos comportements, sans que cela ne vienne évoquer de faille interne.
C’est une forme de manœuvre d’évitement qui permet d’esquiver l’impact des critiques et de fuir l’exposition des parts déficientes qui sont évoquées.
Le processus est très mental, il crée une forme d’armure énergétique qui permet de garder le cap du soi idéal, minimisant l’impact négatif des jugements sur le niveau d’estime de soi. Le corps, lui, se contracte et s’agite pour échapper à l’inconfort. C’est l’émotion de peur qui est aux commandes.
Mais là encore, la stratégie est ineffective, les jugements sont toujours là, ils ont toujours le contrôle, puisque en nous justifiant nous cherchons encore à vivre à la hauteur de leurs standards. Et le refus de les rencontrer nous coupe toujours de ce qui est vrai pour nous dans le moment.

La réponse d’effondrement :
Quand les réponses d’attaque ou de fuite ne peuvent se mettre en place, notre système nerveux  crée un mouvement de repli sur soi pour se protéger. En lien avec les critiques intérieures, ce repli se traduit par une forme de soumission aux jugements, par une forme d’agrément où l’on va se résigner à l’impact des critiques internes, et totalement intégrer les images déficientes qui vont émerger, voire les accentuer en s’accablant.
Ici on se soumet au Juge en espérant ainsi minimiser son attaque et son impact.
Cela s’accompagne d’une forte baisse de notre niveau d’énergie, d’une perte de contact avec notre volonté et notre force intérieure. Le corps, aux prises avec un manque de tonus musculaire, s’affaisse, incarnant cette résignation. Les émotions et sentiments associés sont la négativité, le désespoir, et cela peut aller jusqu’à la dépression.
Lorsque cette stratégie est socialisée, c’est par la plainte et l’auto dénigrement que l’on cherche un réconfort venant de l’extérieur pour nous rassurer sur nos compétences et nous faire sentir que le tableau n’est pas si noir que nous le décrivons.
Là encore la stratégie nous maintient sous la l’emprise du Juge et crée toujours cette dissociation avec notre vérité intérieure.


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